Sourde rancoeur (André Bruneau)

André Bruneau. – Sourde rancœur. – Lanoraie : Les éditions de l’Apothéose, 2016. 403 pages.

Polar








Résumé : François Ricard assiste à un vernissage dans une galerie d’art du centre-ville de Montréal. Il y fait la connaissance de Claudia Monti qui, à la fin de la soirée, l’invite chez elle pour prendre un dernier verre. L’arrivée inopinée de Sébastien bouleversera la suite des événements.

Le lendemain matin, les médias annoncent la mort tragique de la jeune femme. Quelques heures plus tard, on découvre le corps de Sébastien dans la ruelle derrière chez elle. François Ricard a déjà quitté Montréal.

Julien Poirier est chargé de cette enquête qui s’avère un véritable casse-tête. Les circonstances donnent à penser que Claudia et Sébastien ont été tués par la même arme. Il est par contre difficile de croire que le même mobile ait pu s’appliquer à l’un et à l’autre. Claudia menait une vie rangée, alors que Sébastien était devenu une proie pour les dirigeants du crime organisé.

Aux autorités qui exigent de l’enquêteur des résultats immédiats, s’ajoutent les reproches d’Hélène, son épouse, une femme amère, dépressive et manipulatrice. Travailleur acharné, aux méthodes peu orthodoxes, Poirier subit de plus en plus difficilement cette pression, au point que sa santé s’en trouve affectée.

Commentaires : Sourde rancœur est le deuxième roman publié par André Bruneau, un auteur résidant dans la ville Québec. Plus achevé que le précédent, Dommages collatéraux qu’il avait publié, à compte d’auteur, en 2012. Dans ce deuxième opus, on a affaire un polar des plus classiques : des assassinats difficiles à résoudre de prime abord, une enquête qui traîne (un peu trop) en longueur, un détective-enquêteur aux prises avec ses problèmes personnels (conjugaux, psychologiques et physiques). Avec une finale qui prend presque l’allure d’une romance à l’eau de rose, un « coït interrompu » par un drame qui semble annoncer une suite.

En soi, le récit est assez bien ficelé, quoique plusieurs longueurs ont tendance à étirer la sauce et certaines invraisemblances influent sur le suspense attendu dans cette littérature de genre. Par exemple, il est peu crédible qu’un policier de la Sûreté du Québec se fasse voler, sur le stationnement d’un motel, son véhicule après avoir été assommé par un prof d’université qui n’a rien des caractéristiques d’un truand. Sans compter ces rappels constants des problèmes conjugaux de l’enquêteur Poirier qui deviennent irritants, de chapitre en chapitre. À mon humble avis, le tout aurait eu avantage à être un peu plus condensé : j’avoue qu’après 200 pages, j'attendais avec impatience dénouement de cette histoire qui oscille entre l’enquête policière et les états d’âme du personnage principal qui pourrait se résumer par cette phrase en page 8 : « Cela ne l’empêchait pas d’être miné de l’intérieur, de ressentir une angoisse permanente et de se questionner sur les raisons d’être de sa vie. ». D’où le titre Sourde rancœur.

Il faut toutefois mettre en évidence la qualité d’écriture de l’auteur qui s’est documenté sur les méthodes d’investigation policière. Les dialogues entre les personnages sont omniprésents; ils contribuent à dynamiser le texte découpé en 60 courts chapitres.
  
Ce que j’ai aimé : L’intégration du récit dans la trame urbaine de Montréal. L’illustration de la couverture qui attire l’œil, bien qu’elle ne représente pas une rue montréalaise (N Limestone).

Ce que j’ai moins aimé : La quasi-absence de suspense et l’approche classique de l’auteur.


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