Treize à table (Collectif)

Collectif. – Treize à table. – Montréal : Druide, 2018. 193 pages.


Nouvelles







Résumé : Certaines saveurs rencontrées au détour des voyages, à travers les hasards du quotidien détiennent le pouvoir de changer nos vies. Que ce soit l’odeur de la tarte aux pommes de notre enfance, le parfum délicat de l’amitié lors d’un repas gastronomique, en passant par des confitures pour Pina Bausch, de simplissimes oeufs au réveil, une soupe aux poireaux, le canard aux pêches d’un rebelle andalou, les boulettes de viande fort surprenantes d’un mercenaire ou le goût inoubliable d’une olive croquée sur une terrasse de Malaga, tous ces bonheurs sont blottis dans nos mémoires.

Commentaires : Quelle belle idée d’avoir regroupé 13 auteurs talentueux autour d’une table avec comme thématique la bouffe. Le nombre 13, au centre de nombreuses superstitions, la triskaïdékaphobie comme l’appellent les spécialistes, alors que pour certaines personnes il peut porter bonheur. C’est le cas avec ce projet de Chrystine Brouillet et Geneviève Lefebvre pour qui « Au cœur de nos histoires les plus intimes, les plus étonnantes, les plus révélatrices s’inscrit fort souvent la nourriture. Inspirées par cette thématique alléchante et guidées par le plaisir des sens […] Au menu : de savoureuses nouvelles en tous genres, où se courtisent des univers aussi distincts que complémentaires. » Objectif atteint.

Les recueils de nouvelles regroupent parfois des textes d’inégales valeurs. Ce n’est pas le cas ici, bien au contraire. Des confitures pour Pina Baush de Michel Marc Bouchard nous plonge dans une réception « sucrée » à Rideau Hall; Moucheuse de Michèle Plomer et sa petite qui doit apprendre à pêcher; Dame de cœur, Dame du Pic de Chrystine Brouillette qui nous fais saliver dans un restaurant de la rue du Louvre à Paris; L’art de la déshydratation (une de mes préférées) de Geneviève Brouillet avec sa chute inattendue et qui m’a fait bien rire; Catherine de Rafaële Germain qui souhaite raconter l’histoire « d’une vie transformée par le désir » de cuisiner; La faim irrationnelle et hallucinante du coureur et de la bête sauvage qui sommeille en lui de Patrice Godin (tout est dans le titre de texte sur la peur et la faim lors d’une course de 300 km); Le dernier d’Annie L’Italien et le testament culinaire d’un père; Le temps des pommes (une autre de mes préférées) de François Lévesque, autour d’un pommier et d’une tarte aux pommes, avec sa chute émouvante; Mush de Michel Jean, une incursion dans la culture innue; Les cocos de Samuel Larochelle, le retour du fils prodigue; Un mirage à Malaga d’Erica Soucy, deux pages et demi autour d’une bière et un petit bol d’olives; El hambre de mi corazón de Geneviève Lefebvre, quand une star internationale de la bouffe en a marre…; et Mez mama de Ian Manook (aussi une de mes préférées) et sa recette des bombes atomiques plus explosives qu’on aurait pu imaginer.

Treize bonnes raisons pour que vous vous précipitiez. À déguster en accord avec un « vin du sud » ou un « Chassagne-Montrachet 2014 ». Avec en prime, sept recettes de Chrystine Brouillette, inspirées de « ces alléchantes nouvelles) : Vin d’orange, Cuisses de grenouilles en feuilles de brick, Mousse de foie de volaille, Bombes atomiques, Charlotte aux pêches blanches, Dessert aux pommes et Galettes de tante Yolande.

Ce que j’ai aimé : La thématique et l’imaginaire des auteurs.  

Ce que j’ai moins aimé : -


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Les ombres d'Euzkadi (Jean Weber)

Jean Weber. – Les ombres d’Euzkadi. – Paris : Lemieux éditeur, 2017. 214 pages.


Polar






Résumé : Journaliste sans emploi défini mais doué pour les enquêtes tous azimuts, Bertrand Boswell est recruté par son ami Iturria. Il doit découvrir les raisons de la crise morale façon burn-out venue dévaster son patron, Jean-Jacques Brunoy, PDG de la puissante agence de lobbying RUN, des plus utiles au pouvoir politique local.

Plongeant dans un passé de violences qui a laissé de profondes cicatrices, très vite confronté à une actualité aussi chaude qu’insolite, Boswell se fait aider par une jeune et dynamique consœur, Agnès Mendiarat, au flair précieux.

Leur route croisera celle d’agents secrets dangereux, d’anciens militants d’ETA faiseurs de paix et d’une foule de personnages pittoresques portant tous, visibles ou plus secrets, les stigmates d’un passé de plomb. Souvent en péril, jamais découragé, le duo un peu déjanté et très séduisant se retrouve vite et bien malgré lui au centre d’une opération politique ultra-sensible, pilotée en toute discrétion depuis les sommets de l’État. Chantages, complots, enlèvements et meurtres ponctuant naturellement une impossible enquête, dérangeante pour presque tout le monde dans un Pays basque aux beautés parfois trompeuses...

Le premier opus d’une nouvelle série mitonné comme un divin poulet basquaise au piment d’Espelette…

Commentaires : Jean Weber est journaliste de carrière (L’Humanité, Canard enchaîné, AFP et Sud Ouest) et cela transparaît dans ce polar campé au cœur des Pays Basques. Une région politiquement complexe par son chevauchement sur la frontière France-Espagne, plus calme de nos jours, mais qui a connu des élans de violence. Une région que j’ai visitée et que j’ai d’ailleurs trouvée magnifique à tout point de vue : culture, paysage, bouffe. Bien rendu dans Les ombres d’Euzkadi.

Il faut suivre l’actualité politique de l’hexagone pour apprécier au maximum cet opus de Jean Weber. Une histoire complexe, mais très crédible. Des références historiques. Des personnages plus vais que vrais. Tout un art romanesque. Avec un style riche. Un rythme qui évolue selon le déroulement de l’action. Je me suis même demandé à plusieurs reprises s’il s’agissait bel et bien d’une fiction.

Que de belles descriptions, de mise en contexte avec son lot bien intégré de figures de style. Une langue riche pour soutenir un récit captivant. Par exemple, dès le début du récit :

« On est déjà fin octobre. L’été a fondu. Sous le pic d’Orhy, la montagne s’est laissée gagner par l’automne. Vent chaud, valse des feuilles, déclin des fougères et l’écharpe bleutée des brumes matinales. Les beaux jours sont rognés aux deux bouts. » Description mise en opposition avec : « Ils ont enroulé le corps nu du jeune homme dans une bâche militaire US. Puis ils l’ont couché dans le coffre de la BMW. Par-dessus, en tas informe, du matériel de chasse est amoncelé. Treillis, toiles de tente, sacs de couchage, fusils dans leurs étuis. » Le lecteur est plongé au cœur de l’action.

J’ai beaucoup aimé ce roman de Jean Weber et vous le recommande. Je vous laisse découvrir les moindres détails de cette histoire intrigante quant à son issu.  Je n’en dis pas plus et vous laisse la découvrir.
  
Ce que j’ai aimé : Le sujet, la plume de l’auteur, les nombreuses descriptions des lieux, le rythme du récit.

Ce que j’ai moins aimé : -


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